Autant en emporte le ...vent.
Qui n'a eu dans sa vie ,de ces gargouillements
Qu'on retient sans arrêt pour que spontanément
On évite qu'ils sortent et troublent de leur bruit,
Le silence profond d'une si douce nuit.
On qualifie ces gaz internes de tous noms,
On use de produits, pour tuer leur action,
Mais si l'on réfléchit, c'est pourtant naturel
Et même les plus snobs ont de ces vents cruels.
Beaucoup de médecins, avisés par ce mal
Qu'on pardonne tout juste au monde animal,
Ont use de sciences pour parfois l'enrayer
Mais dans de nombreux cas, ils ne l'ont qu'estompé.
Le bruit, peut être assourdi encore à la
rigueur,
Mais il n'y a pas moyen de contrôler l'odeur:
Sournoise et sans retard, elle enveloppe l'air
Autour de son auteur, taquinant tous les flairs,
Entrant dans les narines et les plus enrhumes
Titillent des naseaux en prenant l'air huppé
De ceux qui ne font rien et ne connaissent pas
Ces effluves coupables qu'on ne contrôle pas.
Aussitôt le lâcheur se trouve être la
cible
Des regards convergents qui le fixent irascibles.
Ce phénomène étrange se rencontre partout.
Dans les endroits publics, on le trouve surtout
Car l'homme englobé dans la bruyante foule
Lâche son intestin afin qu'il se défoule.
Le bruit est étouffe, réduit à moins
que rien,
L'odeur est partagée, on ne sait d'où elle vient.
En famille enfin, avec de bons amis,
Si l'accident survient, on a moins de soucis:
On accuse l'effet de certains féculents
Qui dans votre intestin fabriquent tous ces vents,
Ou bien on se déclare frappé de maladie
Que l'on appelle alors de l'aérophagie.
On avale pastilles ou l'on gobe gélules
Pour enrayer l'effet de ces anales bulles.
Pourtant, bien qu'on vous parle d'un manque de respect,
Personne contre vous ne peut porter le pet.
La loi ne punit pas ces délits méprisables
Et seuls dans notre esprit, ils restent condamnables.
I1 ne faut pourtant pas abuser de la chose,
Parfois, un grand effet vient de petite cause.
J.L.FRAISSE.
Illustration de Rémy Rouzeau.